Q\R avec Frank Folino, membre du Comité du Rapport parallèle pour la CDPH

L’Association des Sourds du Canada – Canadian Association of the Deaf (CAD-ASC)  a pour mission  de protéger et promouvoir les droits, les besoins et les intérêts des personnes Sourdes utilisant la langue des signes québécoise (LSQ) et l’American Sign Language (ASL).  Fondée en 1940, la CAD-ASC est la plus ancienne organisation fournissant au public, entreprises, médias, éducateurs, gouvernements et autres parties, des informations et des consultations sur les enjeux des  Sourds.  Elle entreprend des recherches et recueille des données sur les Canadiens Sourds.

La CAD-ASC est affiliée avec l’organisation internationale la Fédération mondiale des Sourds (FMS), une organisation internationale non gouvernementale et à but non lucratif regroupant les associations de 133 pays.  La FMS a, affirme-t-elle,  un statut consultatif auprès des Nations Unies et est membre  de l’International Disability Alliance. La FMS promeut les droits des personnes Sourdes conformément aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), du Programme de développement durable à L’horizon de 2030 (PDD) et d’autres instruments internationaux de droits de la personne.  Le siège juridique et le secrétariat de la FMS sont situés à Helsinki, Finlande.

Frank Folino préside l’Association des Sourds du Canada –  Canadian Association of the Deaf (CAD-ASC) depuis 2013.  Sous son leadership, l’Association a maximisé la visibilité de l’implication du président dans la promotion et la défense des intérêts des Canadiennes et Canadiens Sourds en matière de droits de la personne.  Il siège actuellement à de nombreux groupes consultatifs œuvrant pour une sensibilisation accrue des droits des personnes Sourdes aux langues des signes et à l’accessibilité, notamment le Conseil des Canadiens avec déficiences, l’Association of Visual Language Interpreters of Canada.  Il représente le Canada sur la scène internationale, travaillant avec les Nations Unies, le North America’s Advisory Committee  de la World Association of Sign Language Interpreters, la Fédération mondiale des Sourds et bien d’autres.

La CAD-ASC utilise des mots-clics (hashtags)  pour encourager le dialogue avec la collectivité des Sourds au Canada : #ASLandLSQCanada #LSQetASLCanada #CRPD2017 et #CDPH2017.

Frank rencontrera le Comité des droits des personnes handicapées afin de sensibiliser davantage les membres aux enjeux qu’il élabore dans cet article Q/R.

1. La CAD-ASC a dirigé a dirigé la section du Rapport parallèle portant sur les droits des personnes.

Sourdes aux langues des signes.   À cette fin, nous avons soumis des données sur les enjeux des Canadiennes et des Canadiens Sourds.  Nous avons raconté nos expériences vécues avec nos langues des signes nationales en tant que personnes Sourdes à l’identité culturelle et linguistique spécifique, nous avons dénoncé les obstacles de langue et de communication auxquels nous nous heurtons dans les services de santé, les services d’interprétation, dans l’éducation, l’emploi, la télédiffusion et les télécommunications, l’accès à l’information, la participation politique, le système judiciaire, la culture, les sports, etc…

La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées(CDPH) fixe aussi un cadre pour les droits des Sourds, comblant un important vide dans les lois internationales sur les droits de la personne.  Ainsi, les articles suivants de la Convention portent directement sur les langues par signes :

  • Article 2 – Définition
  • Article 9 – Accessibilité
  • Article 21 – Liberté d’expression et d’opinion et accès à L’information
  • Article 24 – Éducation
  • Article 30 – Participation à la vie culturelle et récréative, aux loisirs et aux sports

Au moins quarante (40) pays à travers le monde ont accordé une protection juridique reconnaissant les langues des signes comme langues officielles.  Nous voulons que le gouvernement du Canada accorde une reconnaissance juridique à nos langues des signes nationales, par le biais d’une loi accessible, équitable et durable pour les personnes Sourdes du pays qui se traduira par de nets avantages pour un meilleurs accès à l’information et aux services.

2. Dans quelle mesure votre travail à Genève peut-il contribuer à l’application de la CDPH au Canada ?

La CAD-ASC est ravie d’être à Genève car nous sommes la seule organisation nationale à but non lucratif se concentrant sur les questions de droits fondamentaux des personnes sourdes en ce qui a trait aux langues de signes nationales et à l’accessibilité. Nous serons en mesure de prouver que le Canada n’a pas reconnu nos langues des signes nationales. Et les reconnaître, c’est garantir les droits fondamentaux des Canadiens Sourds.

Nous nous prévalons de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées parce qu’elle prescrit le droit à la reconnaissance des langues des signes à l’article 21.  Reconnaître officiellement nos langues des signes est une importante avancée vers l’inclusion sociale des personnes Sourdes et leur jouissance des droits de la personne.

3. Quelle serait la plus importante observation finale que le Comité pourrait offrir à votre organisation particulière ?

Nous voulons que le gouvernement du Canada reconnaissance nos langues des signes nationales ; ce faisant, il inscrit officiellement la reconnaissance, la promotion et la protection des droits des personnes Sourdes à leurs langues : l’American Sign Language (ASL) et la langue des signes québécoise (LSQ).   Une telle reconnaissance met en valeur l’identité linguistique de la collectivité des Sourds pendant son inclusion dans les sociétés anglophones et francophones.

Nous espérons également une observation sur l’éducation bilingue, facteur crucial de l’identité culturelle et linguistique qui permet aux enfants Sourds d’acquérir la pleine citoyenneté et d’accéder à l’éducation et à l’emploi.  Par ricochet, la compétence langagière en ASL et en LSQ dès le tout jeune âge facilitera le développement social et cognitif et conduira à de hauts niveaux de littéracie en anglais et en français.  Les enfants Sourds ont droit aux possibilités de réussites, académiques, sociales et émotionnelles que l’acquisition du langage peut leur apporter.

Les droits fondamentaux des personnes Sourdes à la pleine citoyenneté impliqueront la qualité des services et la promotion de l’accessibilité pour les Sourds.  Ils leur permettront ainsi d’avoir  accès aux services de santé, à l’éducation, aux services d’interprétation en langue des signes, à l’emploi, à l’information, à la télédiffusion et aux télécommunications, à la participation politique, au système judiciaire, à la culture, aux sports, etc.  L’interprétation en langues des signes est indispensable pour la collectivité canadienne des Sourds, notamment dans ses efforts de création et consolidation de ponts avec la collectivité des personnes entendantes. Nous espérons que le gouvernement canadien  influera sur les politiques avec une approche d’inclusion et écoutera les spécialistes Sourds dans leurs interventions et leurs services pendant l’élaboration de politiques. 

4. Qu’attendez-vous le plus de la poursuite de vos travaux avec le Comité ?

Nous poursuivrons nos travaux visant à promouvoir, protéger et garantir aux personnes Sourdes la pleine et égale jouissance de tous les droits de la personne  et de toutes les libertés fondamentales, grâce à protection juridique et à l’égalité des chances prescrites dans  la reconnaissance de nos langues des signes nationales.  Cela constituera un tournant décisif dans l’avancement des droits fondamentaux des personnes Sourdes qui pourront alors accéder à la pleine citoyenneté dans la société civile.

5. Comment appliquerez-vous les observations finales à vos futurs travaux ?

Nous continuerons à promouvoir les droits de l’homme pour les Sourds  par des interventions soutenues en faveur de la CDPH et du Programme de développement durable à L’horizon de 2030 dans leur application canadienne pour les Canadiens sourds, par  le biais des Conventions onusiennes à savoir : a) le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, b) la Convention internationale sur toutes les formes de discrimination raciale, c) le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, d) la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et e) la Convention relative aux droits de l’enfant.