Effets de l'infrastructure sur le handicap

Lorsque le gouvernement fédéral a consulté les Canadiens sur les questions d’infrastructure, le CCD a réuni les personnes en situation de handicap pour qu’elles puissent répondre aux questions gouvernementale.  Le CCD a ensuite soumis un compte-rendu de cette réunion.

Paula Orecklin, membre de la Manitoba League of Persons with Disabilities, assistait à cette réunion et y a intensément participé ainsi qu’à la rédaction du rapport.   Dans son blogue, elle explique les effets de l’infrastructure sur sa situation.

Je suis originaire de Winnipeg oú  l’expression « nid de poule » est pratiquement synonyme de « route ».  Tous les conducteurs sont touchés.  Mais lorsque vous vous trouvez  en situation de handicap, cela peut vraiment affecter votre qualité de vie.  Je suis atteinte du syndrome douloureux régional complexe; par conséquent, le plus petit mouvement, le moindre toucher, le moindre impact m’affectent gravement.  Une petite secousse et mes douleurs repartent de plus belle.

L’environnement bâti urbain peut soit faciliter les déplacements, soit les aggraver, amplifiant la situation de handicap jusqu’à la rendre l’incapacitante.

Le gouvernement doit, à tous les niveaux, faire preuve de leadership en  exigeant et en finançant une infrastructure accessible, guidée par des politiques exécutoires.  Pourquoi les nouveaux édifices comme l’Investors Group Stadium , ne sont pas entièrement accessible?   Pourtant, selon le Code du bâtiment de Winnipeg, l’accessibilité est obligatoire. Comment peut-on construire de tels complexes   quand les exigences d’accessibilité sont enchâssées dans les codes du bâtiment?   Par conséquent, en n’imposant pas l’accessibilité,  le gouvernement empêche des personnes   en situation de handicap d’aller assister à des matchs de football.  Il manifeste également son peu d’intérêt pour les besoins des personnes ayant des limitations fonctionnelles.

À l’heure actuelle, tout manquement ministériel dans la prestation des services impacte sérieusement la qualité de vie des personnes en situation de handicap. Prenons mon cas par exemple :  si la Ville ne nettoie pas les rues, je suis obligée de rester enfermée chez moi.  Ma mère essaiera de dégager l’allée mais elle ne pourra jamais pelleter la neige de toute la rue.  Essayer de circuler en voiture dans des rues couvertes de neige est  pour moi très douloureux.  Tout  blizzard nous trappe chez nous pendant des jours  et je me retrouve  quelquefois sans médicament. 

Les moindres petites choses se répercutent grandement sur ma santé.  Un déplacement en voiture provoque d’énormes douleurs.   Quand je me rends dans un endroit inconnu, j’ai souvent des difficultés à lire les petits panneaux  de signalisation que je consulte pour m’indiquer mon chemin.  Certes, certains sont beaucoup plus grands mais en général, les panneaux traditionnels sont peu lisibles, surtout lorsqu’il n’y a pas beaucoup de lumière.

Si je manque un panneau, je serai peut-être obligée de revenir en arrière et emprunter une plus petite route, plus chaotique.  Les ruelles sont particulièrement mauvaises pour moi.  M’y déplacer me fait tellement mal que je dois prendre énormément de médicament pour gérer ma douleur.  Si j’arrive à destination après l’heure prévue, je n’ai plus de temps pour laisser mes douleurs s’apaiser avant le début de mes activités.   De ce fait, j’arrive à l’avance afin de laisser les médicaments agir et calmer mes souffrances.   Sinon, mes rendez-vous ne sont pas aussi efficaces que souhaité.  Je ne suis pas la seule personne dans ce cas. Je ne peux être  complètement fonctionnelle quand je souffre terriblement des conséquences des secousses et cahots de la route.  Car même après un rendez-vous perdu pour moi, il me faudra attendre un mois ou plus pour  avoir un autre rendez-vous médical. Je dépends de ma mère pour comprendre  les effets cruciaux des changements médicamenteux.  Pour ma propre sécurité, je dois être en mesure d’aller à mes rendez-vous, de participer, comprendre et  retenir tous ces renseignements.  Toute interférence est une menace pour mon bien-être.

Certains s’exclameront «  mais qu’est-ce que cela a à voir avec  l’importance pour le gouvernement d’investir dans l’accessibilité des infrastructures et de s’en préoccuper? ».  Lorsque vous êtes en situation de handicap, ces décisions externes deviennent rapidement personnelles.  C’est bien plus qu’un poste de dépenses inscrit au budget du gouvernement. C’est la capacité ou l’incapacité de mener une vie active et de participer. 

Certes, cela se traduit surtout au niveau municipal mais en bout de compte, le financement et les normes nationales descendent  du fédéral jusqu’à la  base.  Les plus infimes détails peuvent vraiment se répercuter sur quelqu’un.   Si manquer un tournant  à cause de l’absence de signalisation m’affecte, imaginez les conséquences quand il s’agit de choses plus importantes.  Sans la volonté et le soutien du  gouvernement,  les personnes en situation de handicap souffriront inutilement.  En appuyant les droits des personnes handicapées, vous vous battez pour que nous vivions sur le même pied d’égalité que les autres citoyens.

J’espère seulement que nos gouvernements seront plus compréhensifs.