Avec la nouvelle série de Global TV, une spécialiste de l'euthanasie devient une héroïne.

À partir du 25 janvier, 21 h, Global TV diffusera une série en six épisodes intitulée « Mary Kills People ».  Achetée aux États-Unis par la chaîne Lifetime, cette série est centrée sur le personnage fictif du  Dr Mary Harris.  Selon Global TV, Mme Harris est un médecin  urgentiste  qui, parallèlement à sa pratique,  agit en marge de la légalité comme « ange de la mort »  pour aider les patients en phase terminale à mettre fin à leurs jours afin de partir selon leurs propres termes.

Le CCD craint que le fait d’encenser une spécialiste de l’euthanasie et d’en faire l’héroïne d’une série dramatique présente l’euthanasie comme une réponse souhaitée au handicap et aux maladies terminales, et soit quasi propagandiste.  Nous craignons notamment que ces émissions ne soient pas en mesure de distinguer les personnes ayant des maladies chroniques de celles en « phase terminale », comme cela se produit souvent dans les débats publics sur les soins en fin de vie.  Nous redoutons que ce « divertissement » n’aborde pas la vulnérabilité socioéconomique des personnes qui envisagent l’euthanasie ni ne traite des questions de politique publique comme l’accès aux soins palliatifs et les services à domicile comme alternative à l’institutionnalisation.

Le  message « mieux vaut mourir que vivre en situation de handicap » si usité dans les portraits fictifs de l’euthanasie et de l’aide médicale à mourir, comme dans les films «  Avant toi » et   « La fille à un million de dollars », nous inquiète plus particulièrement.

Au début de l’automne dernier, le CCD avait écrit à Corus Entertainment, société mère de Global TV, afin de lui faire part de ses inquiétudes vis-à-vis de la future série.  Dans sa réponse, Global affirme se conformer au Code sur la représentation équitable du CRTC et ne « diffuse pas  sur ses ondes des représentations  négatives, ni ne stéréotype ni ne stigmatise  des individus en ce qui concerne la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l'âge, le sexe, l'orientation sexuelle, l'état matrimonial ou un handicap physique ou mental. »  Et il ajoute, «  il serait prématuré de porter un jugement sur le traitement accordé à un cas particulier ou, en fait, à un point de vue ».

Le Code du CRTC sur la représentation équitable stipule, entre autres : «  les radiodiffuseurs doivent éviter de présenter sur les ondes des représentations indûment négatives des individus en ce qui concerne …….. un handicap physique ou mental. Une telle représentation négative peut prendre plusieurs formes, incluant, entre autres, les stéréotypes, la stigmatisation et la victimisation……., un contenu dégradant et l'exploitation.. » « les radiodiffuseurs peuvent présenter un contenu qui semblerait autrement contrevenir à une des dispositions précédentes dans les contextes suivants : (c ) Traitement intellectuel : On peut diffuser une émission à des fins apparemment……  artistiques …..ou qui présente autrement un intérêt public, pourvu qu'elle ne soit pas abusive ou indûment discriminatoire, qu'elle ne ridiculise pas fortement un groupe énuméré ou qu'elle n'incite pas à son mépris, et dans la mesure où elle n'encouragera ou ne perpétuera probablement pas la haine contre un groupe énuméré. »

Le Code sur la représentation équitable  est disponible à l’adresse http://www.cbsc.ca/fr/codes/cab-equitable-portrayal-code/

Il incombe donc aux activistes pour les droits des personnes handicapées de regarder « Mary Kills People » et de déterminer si la série représente négativement les personnes ayant des limitations fonctionnelles et si elle « incite le mépris » ni ne « perpétue la haine contre les personnes en situation de handicap. » 

Amy Hasbrouck
amy.hasbrouck@tv-ndy.ca