Un autre doigt dans l'engrenage

Si l’homicide thérapeutique est inscrit « au menu » de nos hôpitaux


Le 15 janvier 2013, un Comité québécois de juristes experts,  chargé de développer un cadre juridique sur le suicide assisté, a suggéré d’inscrire  légalement l’aide médicale à mourir dans le continuum des soins de fin de fin.   Or, faire du suicide assisté un traitement possible en soins palliatifs est un enjeu d’importance nationale car d’autres gouvernements pourraient adopter la même pratique.  Le Conseil des Canadiens avec déficiences (CCD), une organisation nationale œuvrant pour un Canada plus accessible et plus inclusif, encourage les décideurs du secteur de la santé à examiner les dangers qui s’ensuivraient si le suicide assisté était re-classifié comme « traitement ».  Aujourd’hui,  le CCD aborde deux de ces nombreux dangers qui pourraient en résulter : l’abus et l’effet du suicide assisté sur les pratiques médicales concernant les patients handicapés.

Les dossiers des pays autorisant le suicide assisté sont peu réconfortants pour les personnes handicapées qui surveillent attentivement, au niveau mondial,  les préventions d’abus dans l’application de l’aide médicale à mourir. Tout système provincial de soins de santé qui envisagerait d’élargir son régime de traitements, devra tout d’abord établir des garanties (balises) pour apaiser les inquiétudes de la collectivité des personnes handicapées quant aux possibilités d’abus. Le National Council on Disability a mis sur pied une liste d’éléments susceptibles d’être inclus dans une garantie procédurale.  À ce jour, aucun gouvernement n’a établi de garanties suffisamment rigoureuses pour prévenir les abus.  Lors de son intervention dans l’affaire Carter, le CCD  a expliqué comment, en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, la  légalisation du suicide assisté violerait la sécurité des Canadiennes et des Canadiens avec des déficiences.

À cause de la prévalence des stéréotypes, les personnes avec des déficiences se heurtent  des comportements culturellement négatifs dans leurs interactions avec les membres du corps médical.  L’intégration et la disponibilité de l’euthanasie dans les milieux hospitaliers ne feraient qu’aggraver ces comportements.  Plusieurs d’entre nous ont besoin d’aide pour les toilettes, pour se nourrir ou s’habiller.  C’est notre réalité quotidienne à laquelle se greffent d’intenses douleurs.  Pour justifier leur demande d’aide médicale au mourir, certains  allèguent la perte de contrôle de ces aspects de la vie quotidienne.  Pour nombre d’entre nous, vivre avec des douleurs et avoir besoin d’assistance pour nos routines journalières est une réalité acceptée.  Nos vies  nous sont précieuses et nous voulons continuer à vivre et à contribuer.  La pratique de  l’euthanasie, va-t-elle affecter la capacité du corps médical (médecins et infirmiers)  à considérer les patients ayant de graves déficiences comme des citoyens participants?  Ne les verront-ils que comme des candidats au suicide assisté? Le CCD s’interroge!