Budget 2012

Le ministre Flaherty déposera son budget fédéral le 29 mars prochain. Ce budget sera principalement axé sur la réduction du déficit par le biais de coupures  dans les programmes et de compressions dans la Fonction publique.

Il est peu probable que les questions des personnes handicapées y soient spécifiquement traitées.  Il y sera peut-être question du Régime enregistré d’épargne-invalidité et de la réticence des établissements financiers à ouvrir un REEI pour des personnes qui, à leur avis, sont incapables de le gérer.

Immédiatement après, soit du 9 au 20 avril,  les députés retourneront dans leurs circonscriptions pour « vendre » ledit budget et consolider des appuis envers les propositions énoncées.  Ce sera alors au tour de l’Opposition de critiquer les   mesures annoncées par le gouvernement fédéral et pour nous,  Canadiennes et Canadiens handicapés,  l’occasion rêvée de soumettre nos inquiétudes aux membres du Parlement. 

Un nouvel enjeu :  La Sécurité de la vieillesse (S.V.)  - Repousser l’âge de l’admissibilité

La plupart des Canadiens ont entendu le Premier Ministre et la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences du Canada suggérer de repousser l’âge de l’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse de 65 à 67 ans, appuyant leur proposition sur les arguments suivants :

  • Le régime actuel n’est plus viable à cause de l’âge des baby boomers et de l’augmentation de l’espérance de vie.
  • D’autres pays ont déjà repoussé l’âge de la retraite (États-Unis, Angleterre, Italie, Finlande, Portugal, Suède – avec une mise en vigueur progressive, par exemple, d’ici 2020 ou 2024). 
  • La prolongation des années d’activités permettra, dans une certaine mesure,  de régler les pénuries de main d’œuvre anticipées.  Mais certains craignent que  ces changements ne maintiennent tout simplement une incidence élevée du chômage chez les jeunes.  

Le CCD ne suggère pas de contrer ces arguments, laissons cela aux économistes.  Mais si vous cherchez à réfuter des arguments non valables ou des données démographiques, consultez le rapport « Old Age Insecurity » de Ken Battle, Sherri Torjman et Michael Mendelson du Caledon Institute of Social Policy, février 2012.

Remarque : Il est probable que cette décision de repousser l’âge d’admissibilité à la S.V. soit implantée progressivement au fils des ans.  Il serait en effet suicidaire pour un gouvernement d’imposer des changements qui affecteraient les personnes prêtes à  prendre leur retraite. 

Faisons connaître nos enjeux

Ce que nous devons faire, collectivement, c’est expliquer les éventuelles conséquences de ces changements sur les personnes avec des déficiences. 

Points à considérer :

  1. L’incidence de la pauvreté est disproportionnée chez les Canadiennes et les Canadiens avec des limitations fonctionnelles.  De 45 à 60 pour cent des prestataires de l’aide sociale (bien-être social), sont des personnes handicapées et ce pourcentage continue à s’accroître.  Et à moins que de nouvelles initiatives soient instaurées pour éliminer les obstacles à l’emploi, les Canadiens handicapés seront encore exclus du marché du travail, comme ils l’ont toujours été.
  2. De pair avec le Supplément de revenu garanti, le programme de Sécurité de la vieillesse est bien plus avantageux que n’importe quel autre programme canadien d’aide sociale.    Il est triste de penser que  de nombreux Canadiens handicapés  attendent avec impatience d’avoir 65 ans pour bénéficier de meilleures prestations. 
  3. Repousser l’âge d’admissibilité à la S.V. forcera les personnes handicapées à vivre plus longtemps dans la pauvreté.
  4. Tout en étant la base de la politique canadienne sur les retraites, la S.V. n’existe pas en vase clos.  En fait, de nombreuses autres prestations doivent et peuvent y être associées.
    1. Est-ce que le fait de repousser l’âge d’admissibilité à la S.V. affectera le montant de l’exemption prévu par la Loi de l’impôt sur le revenu?
    2. Est-ce que le versement des prestations d’invalidité de longue durée sera prolongé jusqu’à l’âge de 67 ans?  À l’heure actuelle, le paiement cesse dès que les bénéficiaires deviennent admissibles à la S.V.  Est-ce que ces changements entraineront une bonification du montant versé?
    3. Est-ce que l’âge d’admissibilité au Régime de pensions du Canada sera également touché?  Est-ce que cela s’appliquera à la retraite anticipée et à l’indemnité intégrale?
    4. Quelle sera la réaction des provinces vis-à-vis des personnes handicapées et autres  qui seront plus longtemps prestataires de l’aide sociale?  Est-ce que cela se traduira par une diminution des prestations ou est-ce que cela limitera toute future amélioration?
  5. Les personnes handicapées ont une plus faible espérance de vie.  Bénéficieront-elles alors d’une exemption quant au changement visant l’âge d’admissibilité à la S.V. et au RPC/RRQ?  L’autre solution à long terme, revendiquée par le CCD, est d’amener le gouvernement fédéral à jouer un plus grand rôle et d’assurer un soutien de revenu de base aux  personnes handicapées exclues du marché du travail.   Et la première étape consisterait à garantir le remboursement du crédit d’impôt pour personnes handicapées.
  6. Les propositions de réforme au Régime de pensions du Canada,  permettraient de réclamer des prestations anticipées (actuellement dès l’âge de 60 ans)  et de continuer à travailler.  Les bénéficiaires continueraient  à verser des primes mais en cas de limitations fonctionnelles, ne seraient pas admissibles à la  RPC-PI puisqu’ils auraient déjà reçu les prestations du RPC/RRQ.  Or, la RPC-PI est une bien meilleure prestation.  Or, les limitations fonctionnelles s’accentuent avec l’âge.  Les gens devront continuer à verser une prime intégrale sans être admissibles aux pleines prestations (RPC-PI).  Cela semble injuste.

Agissons :  Faisons entendre notre Voix

  1. Après la présentation du budget, exposons nos questions/préoccupations aux députés fédéraux, en direct, par écrit ou par courriel.
  2. Le CCD enverra une lettre à tous les Membres du Parlement, axée sur les points susmentionnés.
  3. Parlons aux média, participons aux émissions-débats radios, écrivons aux rédacteurs de journaux à ce sujet.
  4. Avisons d’autres activistes anti-pauvreté de nos préoccupations.